Histoire d'en poudre - 21.
EXTRAIT D’EN POUDRE
Si vous pensez qu’il est facile
d’être un petit bourgeois propret
et pondéré, employé à la Compagnie
des Contraintes : peur, lâcheté, ridicule
en tout genre, avidité et haine en stock,
quand on porte en soi une cage enfermant
un poète à l’état sauvage qu’il faut laver,
peigner, raser, auquel il faut couper les ongles,
qu’il faut abreuver et nourrir, à qui
il faut raconter des histoires et donner
de l’amour, devant lequel il faut agiter
les fantasmes comme des marionnettes
- car il veut se gaver de sexe - dont il faut
étouffer les cris obscènes, les gémissements
perpétuels, autant de sophismes hideux
(Sachant que cela fait grossir - il faut se
bourrer de coton). Un poète stupide,
incorrigible, qu’il faut surveiller et punir.
Un poète impossible qui ruse et qui use
votre santé sans arrêt secouant ses barreaux,
ruinant toute concentration et force
de résignation. O pensées, chemin
droit, du néant au néant,
Dollar, Sagesse !
- Assez, me dites vous, assez, si vous
saviez ce que le mien me fait subir !