La photo du jour - 33.
La photo du jour 17 02 05
Il était joli aujourd’hui
Avec une cravate rouge sombre
Sur une chemise d’un gris charbonneux
Pareille au ciel qui hantait la fenêtre.
Longtemps que ses yeux clairs
Ne m’étaient pas apparus
- Avec une barbe de deux jours
Juste ce qu’il faut de décalage
Sur la tenue correcte
Pour dire j’y suis oui mais pas tout à fait.
Bien sûr, nous avons glissé l’un sur l’autre
Chacun d’un côté de la vitre imaginaire.
Chacun d’un côté de la vie peut-être,
Moi déjà plus en profondeur,
Poisson flouté dans l’aquarium,
Sa petite trentaine, 35, peut-être
Est décidément tout ce que j’aime
Avec un tour de taille à surveiller déjà,
La coupe de cheveux trop fraîche
Les agitations du Cap Horn en vue...
Il a déjà saisi le regard que doucement je pose
Sur sa fragile embarcation et qui l’enlève
A ce monde de brute et l’enlace comme une vague,
Comme des bras de mère.
Il doute d’être Ulysse, mais il sait que je suis
La mer et un jour ses yeux m’ont interrogé.
Oh ! pas longtemps. Juste un éclair
Comme il faut au monde de l’indifférence
En se reprenant vite. Et je suis si bête
Que j’aime cette indifférence même
Et que je lui donne des ailes
Pour me voler autour de la tête;
Aussi je me fais un jeu : Jours, semaines,
Avec ou sans lui. Mais cet après midi,
J’entends le son de sa voix et c’est une voix
Comme j’aime, une voix adolescente
Qui ressemble à la mienne,
Mais avec, au fond, plus de rire
Et même le geste qu’il fait,
Mettant sa pièce dans la machine
A café, je le fige tandis qu’inquiet
Il me saisit en coin, silencieux, et faisant
Semblant de discuter avec il ne sait qui
Cependant qu’explose la bombe
Du temps ordinaire et de Tout.
De tout ce qu’on passe comme temps
A se rater les uns les autres
Les maintenant et les trop tard.