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Histoire d'en poudre

Rochefort sur Loire et alentours.

9 Avril 2015 , Rédigé par Merode Vercelli Publié dans #Flâneries

Rochefort sur Loire et alentours.

Tapi au pied de son église monumentale, le village de Rochefort sur Loire, ou plutôt serait-il plus proprement appelé sur Louet, du nom du bras de Loire dans lequel il se mire, fut le théâtre d'une des aventures poétiques les plus émouvantes du siècle dernier. C'est là que se réunirent, sous la houlette du régional de l'étape, le pharmacien-poète Jean Bouhier, de jeunes auteurs de toute sensibilité, venus de tous les horizons et décidé à résister, par la poésie, la parole première, au désarrois dans lequel les avaient plongé la débâcle et l'occupation allemande. Non sans dérision, le pharmacien donna à ce rendez-vous de jeunes créateurs et à leurs publications disparates, le nom d'École de Rochefort.

Outre Bouhier : Michel Manoll, Marcel Béalu, Luc Bérimont et le plus célèbre d'entre eux, René-Guy Cadou qui eut le bon goût de mourir jeune ce qui lui valut une gloire très supérieure à celle de ses collègues car, comme le soulignait Victor Hugo à propos du jeune Charles Dovalle : En littérature, le plus sûr moyen d'avoir raison, c'est d'être mort, constituent le noyau dur de ce groupe mouvant que réunissaient les liens de l'amitié et une appétence commune pour la poésie, le vin, la terre, la vie, l'amour.

La pharmacie où officia Jean Bouhier est ornée aujourd'hui d'une plaque à la mémoire du poète et la commune s'enorgueillit quand on entre par la route qui descend de la corniche angevine déjà illustre au passage de La Haie Longue où Alfred de Musset écrivit ses Nuits, d'être un « Village en Poésie ». Au reste, tous les ans, a lieu un Marché du Livre de la Poésie qui permet à de petits éditeurs d'écouler une production qui ne s'étale guerre dans les librairies toutes occupées à la ventes des romans commerciaux, des essais d'un jour et des faux livres... mais qui permet aussi, faut-il le dire, à des dingos de venir clamer face à une populace de vieilles biques qui n'en peuvent mais et de touristes éberlués, leur conception abstraite de la vie en poésie ou de la poésie dans la vie, et blablabli et blablabla, à vous dégoûter de la poésie ! Il n'y a rien que la poésie supporte plus mal que la théorie. Le grand Malherbe l'avait compris qui n'écrivit pas d'Art Poétique ni de théorie quelconque. Il prêcha par l'exemple, et c'est le mieux. Les poètes de Rochefort furent admirables parce que libres et n'imposant point de diktats !

Heureusement, le village, avant d'être tout à fait gâché par la construction galopante de lotissements couvrant la surface occupée naguère par les vignes, le village et ses alentours, où se retrouve la voix pleine de lièvres et de geais du magnifique Luc Bérimont mais aussi les saveurs du Layon et de l'Aubance, ont d'autres charmes que les manifestations prétentieuses ou naïves de la culture. Les photos ci-jointes, restituent le circuit qui nous mena, mes amis rochefortais et moi-même, par les bois et collines peuplées de vignes, du village jusqu'à la maison, aujourd'hui devenue chambre d'hôtes, où Luc Bérimont et sa petite amie juive se réfugièrent pour échapper aux persécutions nazies, puis retour vers le village. Mes photos ne sont pas d'art, leur montage entend restituer un climat.

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